
Titre : Le Troisième Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Octobre 2013
Suivre l’appel qui rĂ©sonne en lui.
Critiques de bande-dessinées

Titre : Le Troisième Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Octobre 2013
Suivre l’appel qui rĂ©sonne en lui.

Titre : Le Troisième Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Novembre 2012
Le démarrage du spin-off du « Troisième Testament », nommé « Julius », m’avait à la fois plu et déçu. La comparaison avec la série initiale était à son désavantage, mais la qualité était quand bien même au rendez-vous. Pour ce deuxième tome, intitulé « La révélation – 1/2 » (un diptyque dans une série ?), le dessinateur a déjà changé, Robin Recht laissant la place à Thimothée Montaigne. Ce dernier avait officié dans une série clone du « Troisième Testament »  intitulé « Le cinquième évangile » (qui au passage, change aussi de dessinateur). De plus, Xavier Dorison ne persiste dans cette série que comme initiateur du « concept original ». Bref, j’avoue que je n’étais pas très rassuré quand j’ai ouvert cette bande-dessinée.
La nouvelle série, censée pouvoir être lue sans connaître la série originale (ce que je déconseille fortement), présente l’histoire du Sar Ha Sarim, un nouveau messie pour les chrétiens, quelques décennies seulement après la venue du Christ. A côté de lui, Julius, un général romain déchu qui le pousse à s’armer et à repousser les Romains de Judée. Hélas pour lui, le Sar Ha Sarim est adepte de la non-violence et décide de partir seul vers l’orient où il sent un appel. Malgré tout, un petit groupe disparate de soldats et théologiens l’accompagnent. Quand à Julius, parfaitement athée, il n’est là que pour pousser le nouveau messie à abandonner sa quête.
« Julius » reprend un peu le principe de la série. On voyage dans des lieux incroyables, soit par leur beauté (Rome, Babylone), soit par leur terrifiante nature (désert de seul, mine de soufre). Ainsi, les ambiances changent beaucoup. Après deux tomes, l’histoire n’a pas encore réellement avancé et semble démarrer réellement à la fin de ce deuxième opus où le côté épique de la saga reprend ses droits.
Du mal Ă accrocher aux personnages.
Force est de constater que le suspense commence à se faire sentir. La Mort rôde et l’Apocalypse semble se préparer au bout du chemin. Je trouve assez fort que l’on soit pris autant par une forme de suspense alors que la fin est connue (pour ceux qui ont lu la série originelle bien sûr). En cela, les auteurs font bien monter la pression.
Malgré toutes les qualités du scénario, je garde un part de déception que j’ai du mal à écarter. Je pense avoir du mal à accrocher aux personnages. Le messie reste un peu trop messie et Julius ne m’est absolument pas sympathique. Je pense que c’est là -dessus que j’achoppe vraiment dans cette série. On est très loin de Marbourg et Elisabeth, même la relation entre les deux s’étoffe dans ce tome.
Au niveau du dessin, le changement se ressent dès les premières pages. Thimothée Montaigne a un trait plus épais que son prédécesseur. Le dessin est remarquablement rendu. Les personnages sont très expressifs et leur caractère se lit sur leur visage. Et que dire des paysages ? Montaigne nous gratifie régulièrement de grandes cases panoramiques splendides. Pour cela, le changement de dessinateur n’est pas du tout synonyme de baisse de qualité, même si j’avoue regretter toujours ce genre d’évènement. En tout cas, Montaigne avait déjà prouvé dans « Le cinquième évangile » son talent, il le confirme ici.
Au final, cette « Révélation 1/2 » continue sur la lancée du premier tome. La fin relance le suspense et l’intérêt. Si bien que l’on n’attend qu’une chose : que cette révélation nous arrive enfin dans les mains !
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Titre : Le Troisième Testament, Julius, T1 : Livre I
Scénaristes : Xavier Dorison & Alex Alice
Dessinateur : Robin Recht
Parution : Septembre 2010
Une série à succès est-t-elle condamnée à accoucher d’un spin-off ? Après un succès amplement mérité, « Le Troisième Testament » revient pour un nouveau cycle. Cette série racontait la quête de ce fameux troisième testament qui aurait été caché par un certain Julius de Samarie. Ce nouveau cycle doit donc nous raconter comment Julius s’est retrouvé avec ce présent divin et quelle a été son histoire. Quelques changements sont à prévoir cependant dans l’équipe : Xavier Dorison prend de la distance sur la série et Robin Recht prend les rênes au dessin à la place d’Alex Alice qui reste au scénario, au storyboard et… à la couverture.
Une quête de rédemption.
Grosse apprĂ©hension pour le lecteur fan de la sĂ©rie originelle que je suis. Mais « Julius » doit ĂŞtre pris avant tout comme une histoire Ă part. En effet, la pĂ©riode historique n’est pas du tout la mĂŞme (l’AntiquitĂ© contre le Moyen-Ă‚ge), ainsi que le lieu (le Proche-Orient contre l’Europe). Julius est gĂ©nĂ©ral romain, portĂ© en triomphe au dĂ©but de l’ouvrage dont on va assister Ă la chute brutale et immĂ©diate (tel Conrad). Comme dans la première sĂ©rie, c’est donc une quĂŞte de rĂ©demption Ă laquelle on va avoir affaire. Ainsi, Julius est cruel, ambitieux, cupide et athĂ©e. Son contact avec un rabbin juif/chrĂ©tien va bouleverser sa vision des choses et l’amener Ă s’humaniser. Ceux qui connaissent le contenu des fameux rouleaux du voyage de Julius de Samarie savent dĂ©jĂ comment l’histoire se terminera…
Il faut bien avouer que les 80 pages de l’ouvrage se lisent d’une traite. 60 ans après la venue du Christ, les Chrétiens font peur à Julius. Leur secte prône la non-violence et ils sont prêts à mourir pour leur foi. Là où « Le Troisième Testament » montrait un monde obscurantiste, « Julius » montre un monde avant tout spirituel. La mort et la souffrance sont partout. Les Romains font office de bourreaux dont la cruauté est sans limite. L’empire qui traite les autres de barbare semble avoir inversé les rôles.
« Julius » est donc très mystique. Les citations de textes sacrĂ©s et de prophètes sont lĂ©gions. Cela donne un souffle Ă©pique Ă l’histoire. Le tout est renforcĂ© par le dessin de Robin Recht, qui prend la suite d’Alex Alice. Le dessin est fort, dĂ©taillĂ©, expressif. Son trait parvient Ă transcender l’histoire et en cela, c’est une vraie rĂ©ussite. Les couleurs sont Ă©galement très rĂ©ussies. Sur le plan graphique, il n’y a rien Ă redire, c’est du très beau travail.
Une précision cependant : le service marketing assure que cette série peut être lue indépendamment de la série originelle. Pour moi, ce serait une grave erreur que de le faire.
Le vrai problème de « Julius » est sa comparaison avec le cycle original. Pris indépendamment, c’est une excellente bande-dessinée au scénario fouillé, au souffle épique indéniable et au dessin formidable. Une belle osmose entre tous ces auteurs. A lire à tous les fans d’ésotérisme et de religions naissantes.
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Titre : Billy Brouillard, T3 : Le chant des sirènes
Scénariste : Guillaume Bianco
Dessinateur : Guillaume Bianco
Parution : Novembre 2012
Billy Brouillard reprend du service dans ce troisième tome appelé « Le chant des sirènes ». Alors qu’il ne voit plus de monstres et peut ainsi vivre beaucoup plus tranquillement, Billy part en vacances à la mer. Il va alors croiser des nymphes et replonger dans ce monde fantastique où les bestioles en tout genre cohabitent au milieu des fantômes. Le tout est toujours publié dans la collection Métamorphose aux éditions Soleil. Cet univers sort tout droit de la plume de Guillaume Bianco.
« Billy Brouillard » est une série originale qui traite de l’imaginaire de l’enfance de façon glauque. Mais c’est surtout un melting-pot de la narration : bande-dessinées, illustrations, poèmes, textes illustrés, publications scientifiques… Il y a de quoi faire dans ce livre. Du coup, le lecteur sera souvent déstabilisé, voire gêné par ce fouillis. Mais c’est justement avec ce genre d’ouvrage que l’objet livre prend tout son sens.
Billy Brouillard va donc rencontrer une sirène qu’il va devoir aller sauver au plus profondément de la mer. Car la petite dormeuse risque de se réveiller… Si l’histoire dans « Billy Brouillard » à une fâcheuse tendance à digresser, le fil rouge existe bel et bien. Il est dommage qu’en début d’ouvrage, on mette si longtemps à voir arriver l’intrigue principale. Clairement, Guillaume Bianco prend son temps et se fait plaisir le long des 128 pages de l’ouvrage. Ainsi, n’y cherchez pas une grande histoire, « Billy Brouillard » est avant un ensemble d’anecdotes qui construisent un univers loufoque, fantastique et malsain.
Une plongée en enfance.
La richesse de la narration se retrouve également dans les émotions qui nous traversent : tristesse, humour, aventure… Il y en a pour tous les goûts ! C’est une vraie plongée en enfance que nous propose Guillaume Bianco. Cette richesse se retrouve aussi dans le graphisme. Ce dernier s’adapte et propose des variations sur le même thème : noir et blanc avec ou non des hachures, lavis… Et c’est sans compter sur les gazettes du bizarre qui ajoutent encore une variété dans le graphisme. Je suis tombé amoureux du dessin de Guillaume Bianco. Il retransmet parfaitement les deux facettes de son univers : l’enfance et le fantastique.
Derrière l’originalitĂ© et la pertinence de l’objet, on tiquera un peu sur les nombreuses digressions qui gĂŞnent parfois la lecture. Lire cet ouvrage demande un vrai investissement tant il est rude Ă assimiler, tant sur le fond que sur la forme. Cependant, si vous parvenez Ă vous immerger dans ce monde, c’est un vĂ©ritable plaisir !Â
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Titre : Billy Brouillard, T2 : Le petit garçon qui ne croyait plus au Père Noël
Scénariste : Guillaume Bianco
Dessinateur : Guillaume Bianco
Parution : Novembre 2010
Avec « Le don de trouble vue », Guillaume Bianco avait frappé fort. Son personnage Billy Brouillard, qui avait la capacité de voir au-delà des choses, vivant dans un univers à la fois sombre et enfantin parfaitement maîtrisé. Le mélange des genres (livre illustré, encyclopédie, bande-dessinée) pouvait certes déroute, mais cela faisait la force de l’ouvrage. Ce tome 2 reprendre la même formule dans la même collection Métamorphoses des éditions Soleil. Le tout pèse une centaine pages.
Si la lecture de « Billy Brouillard » ne nécessite pas forcément la lecture des tomes précédents pour apprécier le tout, une lecture préalable du tome 1 est recommandée. En effet, on retrouve Billy qui demande au Père Noël de ressusciter son chat, mort dans le précédent opus. Hélas, son chat ne revenant pas parmi les vivants, Billy va cherche d’autres moyens de parvenir à ses fins.
Mort et forces obscures
Malgré la couverture et le titre, Noël n’est pas réellement le thème central de l’ouvrage. Ici, on parle avant tout de la mort et des forces obscures. Le croque-mitaine, notamment, y tient une place non-négligeable ! Ainsi, malgré son classement parfois en bande-dessinée jeunesse, « Billy Brouillard » me semble une série fondamentalement orientée vers les adultes. Ces derniers apprécieront plus facilement l’univers noir et blanc, ainsi que les thèmes sombres traités. De même, tel Bill Watterson avec certaines scènes de « Calvin & Hobbes », Guillaume Bianco sait parfaitement capter l’essence de l’imaginaire des enfants. Et naviguant toujours entre réalité et monde fantasmé, il sème le doute dans l’esprit du lecteur.
Ainsi, à côté des pages de bande-dessinée plus ou moins classiques (on a autant des planches avec des dessins et les textes au-dessous que des planches plus communes avec phylactères), l’auteur intercale des extraits encyclopédiques qui enrichissent l’univers. Toujours en rapport direct avec ce que l’on vient de lire, cela donne une originalité certaine à ce qui est, au final, un très beau livre (en tant qu’objet également). Et malgré l’exigence de lecture, le tout se dévore sans peine.
Le graphisme de l’auteur m’a conquis depuis longtemps. Son noir et blanc est maîtrisé, avec un petit côté gravure parfaitement adapté à ce qui ressemble parfois à un livre illustré, très en vogues au XIXèmesiècle. Le dessin est plein d’invention et d’imagination.
Après un premier tome très réussi, Guillaume Bianco transforme l’essai ici avec un livre plein de personnalité. La suite (sur les sirènes) est même annoncée en fin de tome ! L’auteur a crée une belle œuvre cohérente à découvrir d’urgence !

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Titre : Billy Brouillard, T1 : Le don de trouble-vue
Scénariste : Guillaume Bianco
Dessinateur : Guillaume Bianco
Parution : Novembre 2008
Lorsque j’ai présenté mes travaux de dessinateur à des professionnels, on m’a cité à deux reprises la série « Billy Brouillard » dessinée par Guillaume Bianco, comme référence en termes de dessin en noir et blanc et en hachures. Cela m’a suffisamment intrigué pour que je m’intéresse à cet auteur que je ne connaissais absolument pas. La série « Billy Brouillard » est publiée aux Editions Soleil, dans la collection « Métamorphose ». Cette collection propose de très beaux livres qui explorent le côté sombre de l’enfance.
Billy Brouillard, comme le nom du premier tome l’indique, est doté du don de trouble vue. Ainsi, sans ses lunettes, il voit ce que les autres ne voient pas. Un ballon et quelques branches et voilà que le petit garçon transforme cela en squelette. Mais au-delà du flou, Billy parvient à voir les créatures fantastiques : monstres, fantômes et tout ce qui traîne dans une forêt lugubre.
La particularité de cet ouvrage est d’explorer la bande-dessinée dans plusieurs directions. Si certains passages sont sous forme de BDs « classiques », le livre est parsemé de plein d’autres choses. On y trouvera notamment des bestiaires, des manuels de nécromancie, des faux journaux, des textes illustrés… Il est évident que ce genre de narration perturbera nombre de lecteurs, mais cela fait partie intégrante du charme de l’ouvrage. Au-delà d’une histoire, c’est un véritable univers que crée Guillaume Bianco autour d’un petit garçon obsédé par le fantastique. Car l’ambiguïté est toujours présente : Billy imagine-t-il tout cela ou est-ce que c’est vrai ? C’est une ode à l’enfance, même si elle est bien glauque. L’auteur tape juste tout en étant original. Le monde de « Billy Brouillard » est sombre et fantastique et pourtant, cela nous rappelle notre enfance… Une vraie performance !
Une lecture exigeante.
L’univers créé pour l’occasion est magnifié par le graphisme somptueux de Guillaume Bianco. Le mélange entre un trait enfantin (pour les personnages notamment) et l’aspect très sombre du rendu en noir et blanc fonctionnent parfaitement. L’auteur est en pleine maîtrise de son art. Le tout est mis en valeur par la beauté du livre et du papier. Parfois, la couleur s’invite, que ce soit dans le dessin ou dans le papier lui-même.
L’impression à la lecture de ce livre est d’une sorte de fouillis, un cahier d’écolier où seraient griffonnées quantités de choses sur les mystères de la vie vus par un petit garçon. La mise en page est remarquable d’intelligence et le rythme bien mené. Cependant, la lecture est exigeante et il est évident que certains lecteurs, désarçonnés, auront du mal à adhérer au concept.
Ce premier tome de « Billy Brouillard » ne peut pas laisser indifférent. Doté d’une personnalité affirmée, l’ouvrage désempare autant qu’il fascine. Comme quoi, on peut sortir des schémas classiques et enthousiasmer. Une formidable découverte qui montre, au grès des pages, le talent incroyable de l’auteur pour nous faire rire, nous faire peur ou simplement nous emporter ailleurs.

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Titre : Le grand mort, T5 : Panique
Scénaristes : Régis Loisel & Jean-Blaise Djian
Dessinateur : Vincent Mallié
Parution : Novembre 2014
Comme beaucoup de lecteurs de bandes dessinées, j’ai découvert Régis Loisel à travers ses planches dans « La Quête de l’Oiseau du Temps ». Ton trait fait partie de l’Histoire du neuvième. Depuis, je suis donc toujours à l’affût de toute nouvelle trace de son travail. « Le Grand Mort » est une de ses dernières séries. Elle est née il y a huit ans. Le dernier épisode date de novembre dernier. Il est le cinquième épisode et s’intitule « Panique ». Il le scénarise avec Jean-Blaise Djian. Les dessins sont l’œuvre de Vincent Mallié. Quant aux couleurs, elles ont été confiées à François Lapierre.
La couverture est construite autour des deux personnages centraux de la trame : Erwan et Blanche. Le premier est le passeur entre notre réalité et un monde parallèle. Blanche est une enfant pleine de mystère qui semble être le fruit de parents des deux univers. Les deux personnages semblent errer en rase campagne au beau milieu d’une tempête. Même les oiseaux fuient les lieux…
Une histoire trop diluée.
« Le Grand Mort » possède une dose de fantastique. Dès le premier tome, l’intrigue nous avait fait voyager dans un nouvel espace dans lequel le temps n’avançait pas au même rythme. On y avait rencontré des personnages étranges. On était immergé dans des enjeux dont on ne maîtrisait pas tous les arcanes. Cette introduction m’avait plu. J’avais trouvé le travail scénaristique et graphique intéressant. Les trois opus suivants ont vu l’histoire se dérouler à un rythme relativement lent. J’avais le sentiment que la narration été trop diluée. Au fur et à mesure des sorties d’album, la frustration montait de ne pas avoir la machine se mettre réellement en marche.
Je plaçais donc beaucoup d’espoirs dans « Panique ». La situation de départ faisait croire que le rythme pouvait s’accélérait. Rapidement, j’ai été déçu sur ce plan-là . Le scénario nous fait suivre trois groupes en parallèle. Le premier se compose d’Erwan et Blanche, le deuxième de Pauline et Gaëlle, le troisième les prêtresses de l’autre monde. Aucun d’entre eux ne voit sa situation réellement évoluer entre la première et la dernière page. Le monde est en train d’enchaîner les catastrophes : tremblement de terre, tempête, grêle, etc. Néanmoins, en refermant le livre, j’ai eu le sentiment que les cinquante-quatre planches auraient pu être condensées en moitié moins sans que l’intrigue n’y perde quoi que ce soit.
Je trouvais déjà que Loisel et Djian prenaient du temps pour faire avancer tout ce beau monde. J’en viens presque maintenant à douter d’atteindre un jour la destination. Il ne se passe quasiment rien dans « Panique ». Comme à chaque fois, les scénaristes concluent par une planche pleine d’espoir. Mais je vous avoue que j’y crois de moins en moins. Cette faiblesse narrative pourrait être compensée par une atmosphère prenante mêlant mystère et crépuscule apocalyptique. Le trait de Vincent Mallié a le potentiel pour la créer. Hélas, le fait de diviser la trame en trois chemins parallèles empêche l’immersion dans l’univers des personnages. C’est dommage.

Pour conclure, « Panique » m’a déçu. Ma lecture n’a générée aucun enthousiasme. Ma curiosité n’a pas été alimentée bien au contraire. Une fois le bouquin refermé, je n’en avais aucun souvenir marquant. C’est un indicateur de l’absence de personnalité de l’album. Je désespère de voir « Le Grand Mort » prendre réellement son envol. C’est un gâchis quand je vois le talent de ses créateurs…
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Titre : Ulysse 1781 : Le Cyclope (1/2)
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Éric Hérenguel
Parution : Janvier 2015
Ulysse, le Cyclope… Ces quelques mots raisonnent chez tout le monde et indique un voyage dans la mythologie grecque. Un long voyage, un retour à la maison tant espéré… Les enjeux sont connus et universels. Xavier Dorison décide d’immerger cette trame dans les Etats-Unis de la fin du dix-huitième siècle. « Ulysse 1781 » : un héros, une date… Tout un programme. Je suis un grand fan de ce brillant scénariste du neuvième art. « Le troisième testament » a marqué mon Histoire de lecteur. « Long John Silver » a fait rêver l’aficionado de piraterie que je suis. J’étais donc conquis d’avance en tombant sur cette couverture intrigante. Dans un endroit à l’apparence hostile, le trait d’Éric Hérenguel nous présente un personnage charismatique appuyé sur une large épée. Une cascade au second plan semble être la seule manière de quitter l’obscurité qui l’entoure. Nous regarde-t-il ou ses yeux fixent-ils le Cyclope annoncé dans le sous-titre de l’album ?
« 1781, Yorktown. La guerre d’Indépendance américaine vient de finir. Victorieux, le capitaine Ulysse McHendricks s’apprête à rentrer chez lui avec son fils Mack et ses hommes. Mais le retour se précipite lorsqu’il apprend que sa ville, New Itakee, est envahie par les Anglais. Ulysse et ses hommes vont devoir traverser une Amérique fantastique où les boussoles ne trouvent plus le Nord, où les cartes ont perdu leurs repères, un monde entre réalité et mystère… »
Les mots ci-dessus accompagnent la quatrième de couverture. Ils présentent clairement les enjeux de l’intrigue. On devine qu’elle se construit autour d’un héros à la personnalité forte. La dimension historique est également intéressante. Quant à la dernière phrase, elle fait naître la perspective d’un aspect fantastique toujours attrayant. On retrouve bien là la capacité de Dorison à offrir un scénario à la densité séduisante. L’album se compose de soixante-deux planches. Cette longueur permet de construire bâtir un schéma narratif consistant. Cela laisse le temps d’installer des jalons solides tant sur les plans des lieux, de l’époque et des protagonistes.
La tension monte vite de plusieurs crans.
Pour caricaturer la structure du tome. Le premier tiers est une introduction de l’histoire et des personnages. Le deuxième tiers présente le quotidien du groupe dans sa traversée du pays. Le dernière tiers voit apparaître les premiers soucis et voit poindre le mystère une dose de surnaturel. Le talent des auteurs fait que chacune de ces trois parties sont prenantes. Aucune n’est négligée. L’introduction est efficace. Dorison s’interdit de la diluer comme le font bon nombre d’auteurs. Il arrive à installer parallèlement les différents aspects de la trame.
Alors que nous n’avons pas encore quitté Annapolis, notre tension est déjà montée de plusieurs crans. Les premiers moments de la traversée font transpirer un sentiment de fuite en avant vers le danger. La curiosité s’en trouve alors alimentée de manière soutenue. Cela fait que nous sommes mûrs à point quand arrivent les premiers soucis dans un canyon détenu par des indiens sous une pluie battante.
Cet opus est la première partie d’un diptyque. Les dernières pages initient le mystère autour de la présence mystique qui semble protéger les contrées traversées. Elles font résonnance au court prologue qui introduit l’histoire. Je trouve que les ingrédients distillés sont variés et subtilement dosés. Il ne reste plus qu’à les laisser mijoter le temps d’attendre la parution de la suite que j’attends avec une certaine impatience.
Sur le plan graphique, je découvre ici le travail d’Éric Hérenguel. Dorison a l’habitude d’être bien accompagné dans ses projets. La tradition perdure avec ce nouveau collaborateur. Le dessinateur offre des planches denses dont chaque détail apparaît avec application. Les décors dégagent une atmosphère de plus en plus oppressante au fur et à mesure de l’avancée de la quête du groupe. Le voyage temporel dans cette Amérique sortant de la guerre d’Indépendance passe également par les illustrations développées par le trait de l’auteur. Les personnages sont également réussis. Ils possèdent une identité qui leur est propre. Cela permet de se les approprier sans difficulté.
Pour conclure, « Le Cyclope » est un beau dĂ©but qui permet à « Ulysse 1781 » d’être considĂ©rĂ©e comme une sĂ©rie de qualitĂ© au potentiel intĂ©ressant. La deuxième lecture m’a permis de saisir chaque dĂ©tail tant les dialogues, les dessins que l’intrigue. Je la conseille aux lecteurs adeptes de Dorison, ils ne seront pas déçus du voyage. Quant Ă ceux pour qui le scĂ©nariste est encore inconnu, pourquoi ne pas le dĂ©couvrir en embarquant au cĂ´tĂ© d’Ulysse McHendricks ?Â
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Titre : Roi ours
Scénario : Mobidic
Dessinateur : Mobidic
Parution : Mai 2015
Une première bande-dessinée est toujours une épreuve pour un auteur en devenir. Mobidic (au pseudo évocateur !) se lance dans le bain chez Delcourt avec un one-shot qu’il scénarise et dessine, « Roi ours ». Ancré dans les croyances amérindiennes, il présente l’histoire d’une jeune fille, Xipil, destinée à être sacrifiée à la déesse caïman. Elle est alors sauvée par le Roi Ours et se voit contrainte de se marier avec lui. Le tout pèse 110 pages pour un format A4.
Le scénario se base sur la découverte du monde des dieux par une mortelle (même si les dieux y sont mortels également). Les entourloupes, les négociations, les humiliations… Xipil a bien du mal à s’intégrer, alors que son espèce est considérée comme en bas de la chaîne alimentaire. Heureusement, elle y trouve le soutien de son mari et de la mère des singes, qui fait un peu partie de la famille.
Une fable un peu écologique.
Si le début de l’histoire est plutôt bien mené, on reste un peu sur notre faim. Les développements amenés trouvent une fin un peu brutale. Même si le sens de l’ouvrage prend son sens à sa fermeture, il y a, dans la narration, une impression que l’on partait vers ailleurs. Qu’importe, « Roi ours » possède un univers, une ambiance, une personnalité qui transparaît dès les premières pages. Le sujet abordé est original et, finalement, bien développé. Mais alors qu’on imaginait en début de livre une histoire complexe, on est plutôt du côté de la fable. Pris ainsi, « Roi ours » remplit son contrat.
Pour mener son histoire, Mobidic maîtrise pleinement son découpage. Aussi à l’aise dans les scènes d’action ou les scènes intimistes, il alterne également les pages de dialogue avec les pages muettes. Le tout avec autant de pertinence.
Le dessin est un gros point fort de l’album. Mobidic possède un trait qui rappelle immanquablement le dessin animĂ©, tant par ses animaux que par sa façon de dessiner les humains. Et si quelques rares cases sont maladroites, l’ensemble est assez remarquable. La beautĂ© des images saute aux yeux, les personnages sont expressifs et les cadrages sont parfaitement maĂ®trisĂ©s. Et que dire des couleurs, au diapason du trait ? Elles embellissent le dessin et renforcent les ambiances avec talent. On pourra cependant regretter un encrage et un lettrage un peu trop gros pour le format. Un livre au format comics aurait Ă©tĂ© certainement un meilleur choix pour l’Ă©dition. Un mauvais choix de l’Ă©diteur pour le coup.

Mobidic, pour son premier album, s’est occupé de tout. Et si ce « Roi ours » possède quelques imperfections, il reste un livre d’une vraie beauté, doté d’un scénario original, sorte de fable fantastique et (un peu) écologique. Un auteur à suivre, tant sa maîtrise du sujet est évidente.
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Note : 15/20

Titre : Prophet, T4 : De profundis
Scénariste : Mathieu Lauffray
Dessinateur : Mathieu Lauffray
Parution : Avril 2014
Neuf ans d’attente… Il a fallu attendre tout ce temps pour découvrir enfin le dénouement de la tétralogie imaginée par Mathieu Lauffray intitulée « Prophet ». Le quatrième et dernier épisode est apparu dans les rayons en avril dernier. Il répond au doux nom de « De Profundis ». Je dois avouer que j’avais fait mon deuil de connaître un jour la fin du périple vécu par Jack Stanton. C’était donc avec plaisir que j’ai dépoussiéré et dévoré les trois premiers tomes afin de pouvoir savourer pleinement ce dernier acte en espérant y trouver les réponses aux nombreuses questions qui accompagnent la saga depuis si longtemps…
« Je suis Jack Stanton. L’homme qui a détruit le monde. Celui qui, peut-être, le sauvera… » La quatrième de couverture, avec ces mots, offre un programme pleine de mystères… Ces quelques phrases s’inscrivent sous le regard sombre d’un monstre angoissant. La perspective de connaître enfin l’issue de cette série a attisé sans mal ma curiosité. L’enthousiasme de savoir enfin où tout cela menait se mêlait à l’angoisse d’être déçu par la conclusion de cette aventure.
Une des manières de percevoir cet album consiste à y voir la synthèse des trois premiers tomes. Mathieu Lauffray nous perd entre les époques de son histoire. A certains moments, nous errons dans le New York pré apocalyptique. Puis à d’autres, nous nous retrouvons dans le désastre qui accompagne Jack depuis les « événements ». Cela dégage une atmosphère unique à cette lecture. Le verre à moitié plein permet de savourer le sentiment d’être au centre d’un ouragan dont l’amplitude ne cesse jamais d’augmenter. Le tourbillon est rude et amène le lecteur dans un trip assez intense. Tout cela est mis en valeur par le trait de l’auteur qui n’est plus à découvrir.
Une intrigue qui a du mal Ă jouer son dernier acte
Néanmoins, ce grand voyage peut être perçu du point de vue du verre à moitié vide. Le scénario est assez brouillon. Le fait de jouer avec la chronologie et la réalité n’est pas dénué de charmes. Mais ici, cela a tendance à perdre le lecteur. L’effort pour trouver une cohérence à l’ensemble m’a parfois fait sortir de l’histoire. Le côté psychédélique semble être l’arbre qui cache la forêt d’une intrigue qui a du mal à jouer son dernier acte. J’ai été déçu par cette fin. Je la trouve à la fois facile et décevante.
Malgré tout, le chemin qui mène à cette issue n’est pas inintéressant. Le coup de crayon de Lauffray permet de passer outre certaines faiblesses scénaristiques. Il offre des illustrations qui donnent le vertige. Ils arrivent à jouer avec les lieux, les angles de vues, les couleurs pour mettre le lecteur dans une permanente sensation d’équilibre instable. Le dessinateur semble s’épanouir dans les délires oniriques de la trame. La maestria de son style fait passer la confusion de la narration pour un choix artistique.

Mais la qualité esthétique des planches ne m’a pas empêché de sortir déçu de ma lecture. « Tout ça pour ça » pourrait résumer mes sentiments en analysant la série dans son ensemble. Les premiers tomes avaient posé des jalons intéressants. En accumulant les pistes, les événements et rebondissements, l’auteur attirait le lecteur dans un labyrinthe parfois effrayant. Cette construction nécessite une sortie à la hauteur des attentes suscitées. Ce n’est hélas pas le cas et c’est bien dommage. « Prophet » restera une saga à l’identité certaine mais donc l’intrigue ne permettra d’occuper une place marquante dans le neuvième art de la dernière décennie.
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Note : 9/20